Le sida est une arme biologique, réaffirme Wangari Maathai

Wangari Maathai, lauréate kényane 2004 du Nobel de la paix, a réaffirmé samedi que le virus VIH était un agent biologique délibérément créé, une position controversée qui lui avait valu les réserves de Washington après l'annonce de son prix.

"Certains disent que le sida est venu des singes et j'en doute car nous vivons avec les singes depuis des temps immémoriaux. D'autres disent que c'est une malédiction de Dieu, mais je dis que ce n'est pas possible", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Nairobi.

"Nous, les Noirs, mourons plus (du sida) que tout autre peuple de cette planète", a-t-elle poursuivi.

"Il y a des gens qui créent des agents (biologiques) pour éliminer d'autres gens. S'il n'y en avait pas, nous n'aurions pas envahi l'Irak. Nous avons envahi l'Irak car nous pensions que Saddam Hussein avait fabriqué, ou était en train de fabriquer des armes biologiques".

"En fait il (le virus VIH) a été créé par un scientifique pour la guerre biologique. Pourquoi y a-t-il eu tant de secrets autour du sida. Quand on demande d'où provient le virus, ça fait beaucoup de problèmes. Ca me fait me poser des questions", a-t-elle lancé.

Selon l'Onusida, le programme spécialisé des Nations unies, l'Afrique compte quelque 25 millions des 38 millions de porteurs du VIH estimés dans le monde.Les Etats-Unis avaient rappelé vendredi, après l'annonce de l'attribution du Nobel à Mme Maathai, elle même biologiste de formation, qu'elle avait par le passé assimilé le sida à une arme biologique conçue contre la race noire.Un responsable du département d'Etat avait cité un article rapportant ces propos, publié fin août par le journal kényan East African Standard, dans lequel Mme Maathai affirmait déjà que "le sida n'est pas une malédiction de Dieu contre les Africains ou le peuple noir" mais "un outil destiné à les contrôler conçu par certains scientifiques à l'esprit malfaisant, même s'il est possible que nous ne sachions pas qui. Ils ont les moyens de le faire".

"Nous savons que les nations développées utilisent des armes biologiques, laissant les fusils aux peuples primitifs", avait-elle encore déclaré lors d'une réunion dans la ville de Nyeri, dans le centre du Kenya, le 30 août, selon le compte rendu du journal.

Wangari Maathai, 64 ans, s'est vu attribuer la prestigieuse récompense pour son combat contre la déforestation engagé il y a près de trente ans.Ardente avocate des droits de l'Homme, élue écologiste au parlement kényan depuis décembre 2002, elle a été nommée en janvier 2003 ministre-adjointe à l'Environnement, aux Ressources naturelles et à la Faune sauvage.

Source: AFT, le 9 Octobre 2004